Texte en pdf / Text in pdf : Vulve, symbole et possession
Si la vulve était représentée symboliquement, sur le terrain de la représentation symbolique, alors elle serait mutualisable, partageable.
Comme ce n’est pas le cas, elle demeure enfermée dans le corps de la personne qui la porte, dissimulée au regard et à l’existence ; enfin, rendue tributaire de la possession de ce corps, dans le droit symbolique et morale, par l’autorité du système dominant.
Si le sexe féminin peut n’être « qu’un trou » dans une certaine conscience collective, c’est que le sexe lui-même qui n’est pas représenté n’est pas partageable. Il devient la jouissance de celui qui, ne serait-ce que dans la structure du couple hétéronormé et patriarcal, détient l’autorité sur celle qui se dévoue à son rôle de « complément du mâle ».
L’absence ou le défaut de représentation a bien pour but de « garder les femmes à la maison », dans la mesure où leur sexualité, leur sexe et leur genre ne sont pas mutualisables sur le plan symbolique ; c’est-à-dire qu’il n’y est pas possible de déplacer les corps des femmes hors de la possession symbolique de leurs maris ou compagnons.
La jouissance des corps des femmes (par lesquelles nous incluons les personnes queer* au sens large) ne peut se considérer comme un acte indépendant et libre, se reliant à son propre référent symbolique. La vulve invisible n’est vue et surtout sue que par le « mari » et surtout, sue par le « mari » plus que par la femme elle-même. C’est uniquement dans ce (non-)savoir de principe que celui-ci peut nier qu’il existe une sexualité des femmes hors du référent unique de sa possession de leur jouissance.
Ne peut être possédé que ce qui peut être nié en tant qu’individu-e, en tant que singularité, à cause d’une absence de mot dans la loi.
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If the vulva was symbolically represented, on the field of symbolique representation, then it could be mutualised, shared.
As it is not the case, it stays locked up in the body of the person who carries it ; at last, made dependent on the possession of this body, in the symbolical and moral right, by the dominent system’s authority.
If the female sex can be ‘only a hole’ in a certain collective consciousness, it is that the sex that is not represented is not allowed to be shared. It becomes the enjoyment of the one who, if only in the structure of the heteronormative and patriarcal couple, possess the authority over she who devotes to her role of the ‘male’s complement’.
The absence or lack of representation does have this goal of ‘keeping the women home’, to the extent that their sexuality, sex and gender are not allowed to be mutualised on the symbolic level ; which means that it is not possible there to move women’s bodies out of the symbolical possession of their husbands or partners.
The pleasure of women’s bodies (by which we include queer* people in a large meaning) cannot be considered as an independent and free act, relying to its own symbolic referent. The invisible vulva is only seen and most of all known by the ‘husband’ and moreover, known by the ‘husband’ more than by the woman herself. It is only in this (non-)knowledge by principle that the ‘husband’ can negate that there exist a women’s sexuality outside of the unique referent of his possession of their pleasure.
Can only be posessed what can be negated as an individual, as a singularity, thanks to an absence of word in law.